Monkey News #2 - Juin 2014

Et les traducteurs ne périront pas (pas tout de suite…)

Didier Toussaint

Les développements technologiques de ces dernières décennies ont véritablement transformé le métier de traducteur. Allégé de ses 15 kg de dictionnaires éparpillés sur le bureau autour de la machine à écrire (cliché pourri, je l’avoue), le traducteur a gagné en mobilité et en productivité grâce à l’informatique : dictionnaires accessibles en quelques clics, glossaires consultables en quelques secondes, recherches thématiques facilitées par la Toile, mémoires de traduction (parfois même partagées), et j’en passe.

La mémoire de traduction, quelle formidable invention !

Si une phrase identique a déjà été traduite, plus besoin de la traduire à nouveau, il suffit de la reprendre telle quelle. Et s’il s’agissait d’une phrase assez similaire, il suffit alors simplement de l’adapter. Quel gain de temps ! (attention, explication volontairement simplifiée) Sans entrer dans les détails de leurs avantages, force est de constater que les outils de traduction assistée par ordinateur (TAO) ont renforcé la productivité des traducteurs et ont permis, dans le cas de mémoires partagées, de garantir une cohérence dans les formulations et les termes employés. Mais le traducteur, cet être humain souvent étrange, reste l’élément central du travail de traduction.

La traduction automatique

A la différence de la traduction assistée par ordinateur (TAO), la traduction automatique exclut complètement le traducteur « humain » de l’équation. Parmi les exemples les plus connus de traduction automatique, on retrouve Google Translate (Google Traduction, en version française) et Bing Translator.

« Lorsque Google Traduction génère une traduction, il recherche des modèles dans des centaines de millions de documents […] traduits par des traducteurs humains [… pour] identifier la traduction la plus appropriée. […] Les traductions étant générées par des machines, elles peuvent présenter des imperfections. Plus Google Traduction peut analyser de documents traduits par l'homme dans une langue donnée, meilleure est la traduction. » (http://translate.google.com/about/intl/fr_ALL/)

Évidemment ! Explorant et indexant en permanence les milliards de pages et documents accessibles sur la Toile, les moteurs de recherche sont les mieux placés pour fournir ce genre de service. Équipés d’algorithmes leur permettant de décomposer les documents existants et leurs traductions, ils s’enrichissent et se perfectionnent chaque jour pour offrir des traductions toujours meilleures.

Cependant, si les traductions générées par ces outils sont parfois correctes ou acceptables, il leur arrive encore trop souvent de générer des phrases aberrantes, difficilement compréhensibles, hors contexte ou, pour notre grand plaisir, carrément hilarantes.

Pourquoi ? Plusieurs raisons peuvent expliquer ces imperfections, sans être exhaustif :

  • Le contexte : que ce soit dans l’extrait (mot, phrase ou texte) à traduire ou dans les documents parcourus par l’outil de traduction automatique, si le contexte n’est pas clair, la traduction en pâtira ;
  • Les contraintes linguistiques (grammaire, conjugaison, syntaxe, etc.) : leur gestion par les outils de traduction automatique est perfectible, mais certaines règles peuvent rester sujettes à interprétation et, de plus, rien ne garantit que l’extrait que l’on souhaite traduire soit linguistiquement correct ;
  • De mauvaises traductions comme références : l’erreur est humaine et, dans la mesure où il base ses recherches sur des traductions réalisées par des humains, l’outil de traduction automatique n’est pas à l’abri d’une mauvaise traduction ;
  • La compréhension.

Si les trois premiers points peuvent être améliorés par une meilleure identification des contextes, par le développement d’algorithmes intégrant mieux les règles linguistiques, par un enrichissement des mémoires de traduction, et par des révisions « humaines », le quatrième point nous ramène durement à la réalité : les outils de traduction automatique traitent des données, mais ne « comprennent » pas. De manière générale, les machines restent limitées dans leur capacité à comprendre et ne sont pas en mesure de penser, de réfléchir comme les humains.

Avec les nouveaux progrès technologiques, le métier de traducteur sera amené à changer et on parlera certainement de « réviseurs » plutôt que de « traducteurs ». Le jour où la traduction automatique parviendra à égaler, voire dépasser, la traduction « humaine » n’est pas encore arrivé, mais il est à l’horizon, tout comme les robots humanoïdes domestiques et les voitures solaires volantes. Reste (juste) à changer nos mentalités…


Cet article n’engage que l’opinion de son auteur, comporte des simplifications volontaires et n’a pas de vocation journalistique ou scientifique de quelque sorte.

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